Pour un musicien, le silence est essentiel :
Il est celui qui nous permet de faire éclore la musique. Nous ne pouvons la faire vivre, éveiller le temps, comme dit le chef d’orchestre et pianiste Daniel Barenboïm (avant tout un grand artiste, un grand humain), que si elle a sa préparation : le public est comme la mariée qui doit s’apprêter. Faire silence, c’est symboliquement comme faire une expiration : on vide pour mieux accueillir...
Mais le silence est comme dans tout langage un moment de ponctuation ; il y a des silences interrogatifs, exclamatifs, définitifs, je les nommerais silences visibles, car perceptibles de tous dès lors qu’il y a attention
Et puis, les silences invisibles : ceux qui nous relient au-delà des 15% de communication verbale. Ils sont dans les corps, les regards, dans ce que chacun véhicule, lui avec lui, lui avec les autres. Ils sont dans la manière dont on s’assoit ensemble. Ils sont dans ce qu’un paysage nous invite à voir, mais aussi, les publicitaires l’ont compris, dans le désir qu’une affiche suggère. Ils sont dans le désert, qui nous relient à l’infiniment petit comme l’infiniment grand, et dans le bruit de la ville qui tente de les écraser.
Prenons le temps d’écouter le silence, il a beaucoup à nous apprendre.
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