Loading...

Actualité

Résonances : réflexions du miroir

peuples racines

J’aime l’esprit du miroir. Oui, le miroir a de l’esprit : il joue avec nous, nous renvoyant notre image inversée. Il capte chacune de nos intentions, de nos émotions, nous les restitue à sa façon… une façon de miroir ; souvent il nous surprend car il voit des choses que nous ne voyons pas et il nous les montre, sans concession. En acceptant son regard, nous acceptons d’être jugés par nous-mêmes, nous, les moins objectifs des juges, et, au creux de l’intimité, il nous offre sa justesse. 

Une lumière mal placée rend le miroir cruel, accentuant les cernes des ans, assombrissant le visage, nous plongeant malgré nous dans de lourdes pensées. Bien éclairé, le miroir peut nous tromper, nous donnant des illusions, magie du spectacle.

 

Mais un emplacement mal choisi le rend dur.

Un miroir inversé, comme cieux et terre, comme le reflet dans l’eau, nous perd : nous ne savons plus où nous sommes, suspendus entre les éléments, suspendus hors de la verticalité. 

Un miroir mal poli perd sa neutralité : il raconte une histoire subjective. A travers ses défauts, il analyse les nôtres. Il n’est plus témoin, il est juge.

Un miroir déformant, au-delà des rires, accentue nos défauts : nous devenons des pantins désarticulés au ventre énorme ou aux longues jambes. Pourtant si souvent dans la vie sommes-nous des pantins au ventre énorme et aux longues jambes que nous ne voyons pas : nous oublions de regarder, d’être à l’écoute, car nous ne voulons pas voir et écouter, car c’est plus simple de rester ce que l’on est plutôt que de voir la réalité en face.

Le miroir nous dérange, c’est pour cela nous nous faisons beau devant lui, nous maquillant, nous rasant, le rouge à lèvres et autres artifices : il nous donne en ce cas l’illusion d’être beau, aimable, que l’on va être aimé. Il nous fait croire que c’est ainsi que l’on va s’aimer mieux soi-même. Il réussit parfois même à nous faire croire, comme à la reine dans Blanche Neige, que  nous sommes les plus beaux.

Nous sommes sans cesse les miroirs de l’autre, lui renvoyant sa propre image et générant chez lui des réactions que nous pouvons ne pas comprendre. Et si nous le jugeons à ce moment, nous devenons un miroir malhonnête.

Et que dire de plusieurs miroirs ensemble : ils nous perdent, nous mettent en abymes, à l’image des fractales qui répètent à l’infini la même figure. Face à leurs échos multiples, ils nous permettent de nous voir sur des côtés de nous-mêmes, mais de façon fugitive : on essaie de se surprendre, on se guette. Nos rires deviennent d’énormes rigolades, nos larmes deviennent rivières, notre amour encore plus fort. L’écho des miroirs comme celui des sons semble infini et il dure. Pourtant, il s’estompe comme les rêves : déjà l’habitude s’installe, nous ne sommes plus émerveillés et si nous voulons que le miroir joue, il faut se remettre à jouer, à regarder simplement. 

Revenir

Ajouter un commentaire